09/01/2012

Le cheval de course, les financiers et les pronostiqueurs

 

Au passage de la nouvelle année, on m’a rapporté une étrange histoire...

C’est celle d’un grand pur sang, alezan de noble allure, dernier né d’une lignée qui s’était brillamment illustrée dans les courses des Trente glorieuses.

Mais le monde hippique avait évolué : de nouveaux compétiteurs, petits chevaux nerveux venus d’Extrême-Orient avec de nouvelles méthodes d’entraînement, l’empêchaient d’arriver aux premiers rangs des Grands Prix.

Les financiers qui avaient investi sur lui, s’adressèrent à son entraîneur : « Que se passe-t-il ? Les pronostiqueurs ont dégradé sa cote. Force est de constater que ce cheval n’est pas compétitif : il est trop bien portant, trop chouchouté pour avoir la niaque ; d’ailleurs il nous coûte trop cher. Il faut retrouver sa compétitivité ! Il faut davantage de rigueur, indexer ce qu’il coûte sur ce qu’il rapporte.»

Ce qui fut fait. On diminua ses rations de nourriture, on espaça ses soins et les visites du vétérinaire.

Les compétitions suivantes ne furent pas plus victorieuses. Au contraire. Pire : notre coursier s’affaiblit, devint instable et rétif à l’entraînement. Les pronostiqueurs dégradèrent encore sa cote. « Les turfistes n’ont plus confiance, déclara le chœur des financiers. Notre risque qu’il fasse un mauvais classement lors des prochaines courses, s’est encore accru. Donc il faut encore améliorer sa compétitivité »,

Sitôt dit, sitôt fait : on resserra d’un cran le programme de nutrition et de santé, on licencia un de ses lads. Le cheval maigrit, se blessa et fut mal soigné. On dû l’abattre.

Et l’entraîneur ? Il va bien ; il continue à exercer ses talents…

 

La morale de cette histoire ? A mon avis, il n’y en a pas. Car elle n’est pas vraisemblable. Jamais des propriétaires de chevaux de course ne se comporteraient d’une manière aussi absurde…