17/03/2010

Pourquoi se soumet-on à l'animatrice du Jeu de la Mort ?

« Nous sommes si présompteux que nous voudrions être connu de toute la terre, et même des gens qui viendront quand nous ne serons plus, et nous sommes si vains que l’estime de cinq ou six personnes qui nous environnent nous amuse et nous contente.» Pascal, Pensées

Le JEU DE LA MORT va faire l’objet de nombreux commentaires.

Vont-ils nous donner une explication valable des phénomènes de «soumission à l’autorité» ?

Pour avoir moi-même étudié en 1994, l’expérience de Stanley Milgram, je suis convaincu que non.

En effet, que nous disent, en résumé, les psycho-sociologues professionnels (comme Jean-Léon Beauvois) ou amateurs (comme Christophe Nick) ? «... nos actes ne sont pas le résultat de notre libre arbitre ; ils sont le fruit du contexte.»

Sans exonérer de son rôle la situation proposée aux candidats du jeu télévisé, je démontre -dans "le Grand combat"- et chaque année, dans mes cours à la Sorbonne Nouvelle- que les vrais causes sont ailleurs...

Et que la vision behaviouriste (stimulus-réponse), basée sur une réaction au «pouvoir» ou à «l’emprise» de la télévision ne résulte pas d’une analyse scientifique d’un comportement humain plus complexe que ne le disent les autorités scholastiques de la psychologie sociale*...

 * Voir l'extrait du "Grand Combat" consacré à l'expérience de Stanley Milgram >

 

06/11/2009

Du marketing préhistorique !

Dans son éditorial de Libération.fr Laurent Joffrin prête aux sondages d'opinion une puissance qu'ils n'ont pas en pensant qu'ils participent au "marketing" du gouvernement.
C'est faire beaucoup d'honneur à une pratique qui n'a pas évoluée depuis les années 30. A moins de considérer le marketing comme une activité cosmétique destinée à tromper l'opinion publique*.
Les sondages seraient utiles s'ils étaient scientifiques. Ils permettraient aux sociologues, politologues et autres ethnologues de fonder leurs concepts, leurs analyses et leurs diagnostics.
Or, ils ne font "qu'élever les brèves de comptoir au rang de discipline scientifique".
Les sondages ne nous apprennent rien sur l'essentiel : le dispositif de jugement qui préside à la constitution des opinions publiques.
Les sondages décrivent la montagne mais sont muets sur sa formation ou les roches qui la constituent. Par contre les sondeurs sont diserts : nouveaux cartomanciens, ils interprètent "ce que les gens (leur) disent" et se font largement payer pour cela.
L'opinion publique est un jugement public. Ce jugement est finalisé : il se fonde sur une doxa prédéterminée qui permet aux citoyens, à travers leur image perçue du Président, par exemple, d'évaluer ce qu'il leur offre pour leur permettre de réaliser leur(s) projet(s) de vie.
Les sondages ne débouchent pas sur une modélisation des opinions publiques. Ils ne constituent pas ces "modèles réduits" dont parle Pierre Giacometti. Désolé Laurent Joffrin, mais c'est du marketing préhistorique ! Pour faire avancer nos connaissances, les instituts d'études devront adopter un modèle phénoménologique -telle que l'Analyse motifonctionnelle par ex.- et intégrer enfin, comme le disait Simone de Beauvoir que c'est "le désir qui crée le désirable, le projet qui pose la fin".

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* Soyons juste : à voir certains spots TV, il est clair que certains annonceurs ont tenté d'adopter cette vision. Avec les résultats que l'on sait...

02/11/2009

Pourquoi les sondages se trompent ?

Connaître l’image que les citoyens ou les clients vous attribuent ou prévoir quelles seront leurs préférences le jour du vote ou de l’achat, sont des préoccupations indispensables à qui veut piloter correctement son offre politique, sociale ou marchande dans les opinions publiques.

Ce n'est donc pas l’utilité des sondages qui est contestable, encore moins leur soi-disant manipulation de l'opinion. C’est, aux yeux des praticiens exigeants de l’intelligence économique, l’inexactitude des informations qu’ils recueillent et l’inadéquation de leurs protocoles d’études et de traitement des données. Comment s’étonner alors du flou et de la pauvreté des enseignements qu’en tire les grands instituts et les médias ?

La méthodologie des instituts de sondages ? Elle n'a pratiquement pas changé depuis leur invention par Gallup à la fin des années 20. Elle repose sur quatre principes : le déclaratif, les quotas, le tout- statistique et le modèle sociologique de la formation des opinions.

1. Le déclaratif. On a constaté depuis longtemps des écarts importants entre les affirmations des interviewés et ce qu’ils pensent vraiment. Pourtant les sondages continuent, par téléphone, à leur demander leurs avis. Finalement, toute la machinerie des sondeurs ne débouche que sur de simples taux de déclarations. Elevant les brèves de comptoir au rang de discipline scientifique, leurs experts s’en rengorgent volontiers à la télévision : "Les gens nous disent..." !

2. Les quotas. Les échantillons dits « représentatifs » ne sont représentatifs que… de la manière dont sont établis les quotas. Les sondeurs y voient « un modèle réduit » comme si on obtenait une maquette d’avion par exemple, par le simple empilement, proportionnellement à leurs poids réels, de ses composants : éléments de moteur, éléments d’ailes, etc.!

3. Le tout-statistique. La méthode statistique dont sont issus les résultats des sondages obéit à la loi de "l'intervalle de confiance". Appliqué sur un échantillon de 1000 personnes, pour les réponses ayant obtenues entre 35 % et 65 %, l'intervalle de confiance se situe à +/-3%. Pour obtenir une précision de + /- 1%, il faudrait interroger… 10 000 personnes !Comment font les instituts pour aboutir à des chiffres précis alors qu’ils n’obtiennent que des fourchettes ? Ils "redressent", ils interprètent, ils utilisent d’anciennes données... En un mot : ils bricolent. Et c'est là que des "coups de pouce" plus ou moins conscients peuvent intervenir...

4. Le modèle sociologique. D’après Alfred Sauvy, les opinions seraient dictées par les CSP. Pourtant la prévision des opinions à partir des CSP, déjà incertaine dans les années 50, s’est réduite de génération en génération. Pour pallier à cette insuffisance, une tentative a été faite à partir des années 70, avec les « courants socioculturels » ou les « socio-styles ». Malheureusement, leurs capacités prédictives se sont avérées encore plus faibles…

Les études de type sondages sont quotidiennement appliquées au domaine marchand. Pourtant, elles ne peuvent pas être considérés comme des outils avancés et performants d’intelligence économique : elles ne font plus progresser notre compréhension des préférences des acheteurs ou des électeurs. Encore moins leurs prévisions.
Avec l'Intelligence marketing avancée et l'Analyse motifonctionnelle, il existe une autre approche pour comprendre la nature, le fonctionnement et le contenu des opinions publiques. Qui s'intéresse à ce que les personnes pensent et à la manière dont elles établissent leurs jugements, leurs achats et leurs votes. Qui génère un véritable modèle réduit, une « maquette » qui peut être « mise en fonctionnement » en simulant des modifications dans les offres commerciales ou les propositions politiques.
Objectif réalisé : prévoir leurs effets sur les préférences des acheteurs ou des électeurs avec une précision de +/-1%.