11/12/2009

La Psychologie de l'Action sort de l'ombre. Enfin...

Avant-hier soir, « L’abus de faiblesse » de Catherine Breillat a été au centre de l'émission de Guillaume Durand "L’objet du Scandale". Bon sujet, mais pourquoi aller chercher un "neuroscientifique" orienté « sexe et cerveau » pour expliquer ce dont a été victime (et auteur) Catherine Breillat ?

La culture en psychologie des journalistes serait-elle déficiente? Dans tous les cas, comme Mme Michu, ils cherchent la cause, le stimulus, le levier, la "perméabilité" (dixit Guillaume Durand). Ils cherchent le mécanisme. Comme tout bon psychologue béhavioriste, ils font appel à une vieille lune (Pavlov, Skinner, Watson) repeinte par la "neuropsychologie". C'est tellement facile de croire que les autres sont agis par des forces qui les entraînent inconsciemment ! Les autres...

Le temps ne respecte pas ce qui se fait sans lui
• Notre expert télévisuel (et télégénique) cita force psychologues américains pour nous faire découvrir que les star « avaient une personnalité double » -une « publique » et une « intime »- et qu’il « pouvait y avoir « un écart entre les deux » et que « dans certain cas, ils ont besoin de rehausser leur personnalité intime et leur esprit critique en est altéré ».
Pour moi, ce fut un choc : une partie de la thèse –mille fois vérifiée- que je défends depuis 30 ans était évoquée –bien timidement- à la télévision.
• La vérité est évidemment plus complexe que cette allusion télévisuelle. La véritable source de nos actions n'est pas derrière nous (besoins, pulsions), mais devant : ce sont nos projets, nos ambitions. Le comportement humain obéit à des "causes finales" ; il est caractérisé par une hypertélie, un treillis de sous-projets et de projets qui convergent tous vers 4 intentions fondamentales : le Héros intime (l'image idéale de soi), la Star intime (l'image de soi que l'on croit devoir donner aux autres), le Démiurge intime (le pouvoir, se donner les moyens de réaliser ses projets), la recherche des Emotions.
Bien sûr, il peut y avoir des conflits, des incompatiblités entre ses 4 projets fondamentaux. Et pas seulement chez les stars…

De Pascal à Sartre
• Cette théorie psychologique (l'Analyse motifonctionnelle) s'est inspirée de la phénoménologie (Husserl, Merleau-Ponty, Sartre et Simone de Beauvoir), de certaines expériences étatsuniennes mais aussi de dizaines d'écrivains et de philosophes depuis 20 siècles (Epicure, Pascal, Montaigne, Freud, etc.).
Cette thèse qui existe depuis 30 ans. Depuis, elle a largement fait ses preuves. Et toute personne, avec un peu d'attention, au simple énoncé du principe de finalité et des 4 grandes intentions fondamentales, peut comprendre un peu mieux ce qui est arrivé à Catherine Breillat...

Le secret de la dépression
• Hier matin, nouvelle surprise : on me rapporte que dans une émission sur la dépression (France-inter), un médecin spécialiste affirme qu’on ne peut soigner une dépression par l’activité puisqu’elle est… la cause même de l’inactivité ! Et comme l’action n’existe que par sa finalité, on découvre enfin que la dépression est bien, comme je l’enseigne depuis 1984, une « maladie de la génération des projets » !

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