10/03/2011

Ifop : le sondage de la honte

On se demandait où le premier ministre avait trouvé le concept de personnes « d’origine musulmane » ? A l’Ifop qui l’a inventé pour réaliser ses sondages ethniques !

 

Extraits du site de l’Ifop :

«  Depuis de nombreuses années maintenant, l’Ifop mène des enquêtes auprès des personnes d’origine musulmane. Ces sondages nous ont permis d’avoir une assez bonne connaissance des opinions politiques et des comportements religieux de cette population. Les données disponibles étaient en revanche beaucoup plus parcellaires en ce qui concerne les pratiques de consommation » . 

« Echantillon de 536 personnes d’origine musulmane, âgées de 18 ans et plus.
La représentativité de l'échantillon a été assurée par la méthode des quotas. Les interviews ont eu lieu en face à face du 12 au 19 décembre 2009. »

 

Les sondages sur les opinions religieuses existent depuis longtemps. On distingue, par exemple, des catholiques pratiquants, des catholiques non pratiquants, des non croyants ayant eu une éducation catholique. Mais jamais des personnes « d’origine catholique ».

Ce vocable est bien évidemment stupide. Mais il en dit long sur l’imprégnation des esprits par les thèses ségrégationnistes et les campagnes gouvernementales sur l’identité nationale.  « Le ventre est toujours fécond dont est sortie la bête immonde » (Brecht, La Résistible Ascension d’Arturo Ui)

 

Faut-il rappeler au Premier ministre François Fillon que la question des origines religieuses se pose autrement : l’islam et le christianisme sont authentiquement d’origine juive, religion qui, elle-même, trouve une partie de ses origines en Mésopotamie ?

 

En ce qui concerne la méthodologie de ce sondage, pour mémoire, je rappelle :

-          que l’intervalle de confiance pour un échantillon de 536 personnes se situe aux alentours de 4 points en plus ou en moins.

-          que la méthode des quotas n’est pas scientifique puisqu’elle présuppose que les causes des opinions sont exclusivement sociologiques, géographiques et liées à l’âge.

-          qu’en l’absence de modélisation des opinions publiques sur les sujets considérés, on ne peut pas en expliquer scientifiquement leurs évolutions. Laissant le champ libre à tous les bavardages des commentateurs de Sciences Po, qu’ils soient journalistes ou sondeurs.

 

Je renvoie mes lecteurs à « Effet gigo dans les sondages ? » paru sur le blog de l’IE / Les Echos. Cela leur permettra d’en relativiser les données qui n’ont qu’un but : promouvoir les instituts en gavant les médias...

 

 

 

 

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